L'oxygénothérapie hyperbare (OHB) est une méthode thérapeutique qui consiste à administrer de l'oxygène pur à un patient placé dans une chambre pressurisée. Cette technique, développée il y a une cinquantaine d'années, permet d'augmenter significativement la quantité d'oxygène dissous dans le sang et les tissus. L'OHB trouve ses principales applications dans le traitement des accidents de décompression, des intoxications au monoxyde de carbone et de certaines infections graves. Au-delà de ces indications d'urgence, son utilisation s'est élargie ces dernières années à la prise en charge de pathologies chroniques comme les plaies difficiles à cicatriser ou les lésions post-radiques. Malgré des bénéfices thérapeutiques avérés dans de nombreuses situations, cette technique nécessite un équipement spécialisé et une surveillance médicale attentive.
Principes de l'oxygénothérapie hyperbare
L'oxygénothérapie hyperbare repose sur des principes physiques et biologiques complexes. Son action thérapeutique découle de l'augmentation de la pression partielle d'oxygène dans les tissus, obtenue grâce à l'inhalation d'oxygène pur sous pression. En condition normale, l'oxygène est principalement transporté dans le sang par l'hémoglobine des globules rouges. Cependant, la capacité de transport de l'hémoglobine atteint rapidement un plateau de saturation. L'OHB permet de dépasser cette limite en augmentant la quantité d'oxygène directement dissous dans le plasma sanguin.
Concrètement, lors d'une séance d'OHB, le patient respire de l'oxygène pur à 100% dans un caisson pressurisé à 2 ou 3 fois la pression atmosphérique normale. Dans ces conditions, la quantité d'oxygène dissous dans le plasma peut être multipliée par un facteur allant jusqu'à 20. Cette hyperoxygénation des tissus déclenche une cascade d'effets biologiques bénéfiques. Elle stimule notamment la production de facteurs de croissance et la mobilisation de cellules souches, favorisant ainsi la régénération tissulaire et l'angiogenèse (formation de nouveaux vaisseaux sanguins).
L'action anti-ischémique de l'OHB s'exerce à travers plusieurs mécanismes. Elle permet une meilleure oxygénation des zones mal vascularisées en contournant les obstacles à la circulation sanguine. Elle réduit également l'œdème tissulaire par un effet vasoconstricteur sur les vaisseaux sains, tout en préservant la circulation dans les zones lésées. L'OHB exerce par ailleurs un effet anti-inflammatoire en modulant la production de certaines cytokines et en réduisant l'adhésion des neutrophiles à l'endothélium vasculaire.
Un autre aspect important de l'OHB concerne son action anti-infectieuse. L'augmentation de la pression partielle d'oxygène dans les tissus a un effet bactériostatique direct sur de nombreux germes anaérobies. Elle potentialise également l'action de certains antibiotiques et renforce les défenses immunitaires en stimulant l'activité des macrophages et des polynucléaires neutrophiles. Ces effets font de l'OHB un traitement adjuvant précieux dans la prise en charge de certaines infections graves comme les myonécroses ou les fasciites nécrosantes.
Enfin, l'OHB possède des propriétés mécaniques liées à l'augmentation de la pression ambiante. Cet effet pressionnel est mis à profit dans le traitement des embolies gazeuses et des accidents de décompression. La pression élevée permet de réduire le volume des bulles de gaz pathologiques et favorise leur résorption par un phénomène de contre-diffusion. L'ensemble de ces mécanismes d'action font de l'OHB une thérapeutique aux applications multiples, dont le champ ne cesse de s'élargir au fil des avancées de la recherche clinique. Si vous souhaitez en savoir plus sur les applications médicales de l'OHB, notamment après un AVC, consultez cette page.
Indications thérapeutiques de l'oxygénothérapie hyperbare
L'oxygénothérapie hyperbare trouve ses indications dans un large éventail de situations cliniques. Son utilisation est particulièrement bien codifiée dans certaines urgences médicales, mais elle s'étend également à la prise en charge de pathologies chroniques. Les recommandations concernant ses indications font l'objet de conférences de consensus régulières au niveau international, permettant une actualisation des pratiques en fonction des données scientifiques les plus récentes.
Traitement des infections nécrosantes des tissus mous
L'OHB joue un rôle important dans la prise en charge des infections nécrosantes des tissus mous, telles que les gangrènes gazeuses ou les fasciites nécrosantes. Ces infections fulminantes, souvent dues à des bactéries anaérobies, peuvent rapidement mettre en jeu le pronostic vital. L'OHB vient en complément du traitement chirurgical et de l'antibiothérapie pour améliorer l'oxygénation des tissus et limiter la progression de l'infection. Son action bactériostatique directe sur les germes anaérobies contribue à freiner leur multiplication. De plus, l'hyperoxygénation des tissus potentialise l'action des antibiotiques et renforce les défenses immunitaires locales.
Dans le cas spécifique de la gangrène gazeuse, l'OHB permet de réduire significativement la mortalité et le taux d'amputation. Elle agit en bloquant la production de toxines par les bactéries anaérobies et en favorisant la démarcation entre les tissus sains et nécrosés. Cette action facilite le geste chirurgical en permettant une exérèse plus conservatrice. Les protocoles actuels recommandent généralement deux à trois séances quotidiennes d'OHB dans les premiers jours du traitement, puis une séance par jour jusqu'à stabilisation de l'état clinique.
Pour les fasciites nécrosantes, l'OHB est également utilisée en complément du traitement chirurgical et antibiotique. Elle contribue à réduire l'extension de la nécrose tissulaire et à accélérer la cicatrisation. Son utilisation précoce permet de diminuer le nombre d'interventions chirurgicales nécessaires et d'améliorer le pronostic fonctionnel. Les études cliniques ont montré une réduction significative de la mortalité chez les patients bénéficiant d'OHB par rapport au traitement conventionnel seul. Le nombre et la durée des séances sont adaptés à l'évolution clinique, avec généralement une à deux séances quotidiennes pendant la phase aiguë.
Prise en charge des intoxications au monoxyde de carbone
L'intoxication au monoxyde de carbone (CO) représente une indication majeure de l'OHB en urgence. Le CO se lie à l'hémoglobine avec une affinité 200 fois supérieure à celle de l'oxygène, formant de la carboxyhémoglobine (HbCO). Cette liaison empêche le transport et la délivrance de l'oxygène aux tissus, entraînant une hypoxie cellulaire. L'OHB permet d'accélérer considérablement l'élimination du CO en réduisant sa demi-vie d'élimination de 4-6 heures à environ 20 minutes. Elle prévient également le syndrome post-intervallaire, caractérisé par l'apparition de séquelles neurologiques retardées.
Le protocole d'OHB dans l'intoxication au CO varie selon la gravité de l'intoxication et les comorbidités du patient. Dans les formes sévères ou chez les patients à risque (femmes enceintes, enfants), une séance de 90 minutes à 2,5-3 atmosphères absolues (ATA) est généralement réalisée dès que possible. Cette séance peut être répétée dans les 24 heures en fonction de l'évolution clinique. L'efficacité de l'OHB est d'autant plus grande qu'elle est mise en œuvre précocement après l'intoxication.
Les bénéfices de l'OHB dans l'intoxication au CO vont au-delà de la simple accélération de l'élimination du toxique. Elle permet également de lutter contre le stress oxydatif induit par l'intoxication et de limiter les lésions de reperfusion. Des études ont montré une réduction significative du risque de séquelles neuropsychologiques à long terme chez les patients traités par OHB par rapport à ceux recevant uniquement de l'oxygène normobare. Toutefois, la définition précise des critères d'indication de l'OHB dans cette pathologie fait encore l'objet de débats au sein de la communauté scientifique.
Soulagement des séquelles tardives d'irradiation
L'OHB trouve une application importante dans le traitement des lésions radio-induites tardives, survenant plusieurs mois ou années après une radiothérapie. Ces complications, qui touchent divers organes et tissus, résultent d'une altération progressive de la microcirculation et d'une fibrose tissulaire. L'OHB agit en stimulant l'angiogenèse et en favorisant la néovascularisation des tissus irradiés. Elle permet ainsi d'améliorer l'oxygénation et la trophicité des zones lésées, facilitant leur cicatrisation et leur régénération.
Les indications les mieux établies concernent les lésions radio-induites de la sphère ORL (ostéoradionécrose mandibulaire), pelviennes (cystites et rectites radiques) et cutanées. Dans le cas de l'ostéoradionécrose mandibulaire, l'OHB est utilisée aussi bien en prévention avant extraction dentaire qu'en traitement curatif. Les protocoles habituels comportent 20 à 30 séances à 2,5 ATA, réparties sur plusieurs semaines. Pour les cystites et rectites radiques, l'OHB permet souvent une amélioration significative des symptômes et de la qualité de vie des patients, avec des effets durables dans le temps.
L'efficacité de l'OHB dans ces indications a été démontrée par plusieurs essais cliniques randomisés. Une méta-analyse récente a confirmé son intérêt dans la prévention et le traitement de l'ostéoradionécrose mandibulaire, avec une réduction significative du risque de complications après extraction dentaire chez les patients irradiés. Pour les lésions pelviennes, les études montrent une amélioration des scores de qualité de vie et une réduction des saignements chez plus de 75% des patients traités. Ces résultats encourageants ont conduit à l'intégration de l'OHB dans les recommandations de prise en charge des séquelles tardives d'irradiation par plusieurs sociétés savantes.
Déroulement d'une séance d'oxygénothérapie hyperbare
L'oxygénothérapie hyperbare se déroule selon un protocole précis, visant à garantir l'efficacité du traitement tout en assurant la sécurité du patient. Chaque séance nécessite une préparation spécifique et se compose de plusieurs phases distinctes, sous surveillance médicale constante. La durée et la fréquence des séances varient en fonction de l'indication thérapeutique et de l'état clinique du patient.
Préparation du patient avant la séance
La préparation du patient constitue une étape cruciale pour le bon déroulement de la séance d'OHB. Elle débute par une évaluation médicale complète, comprenant un interrogatoire minutieux et un examen clinique. Cette évaluation permet de vérifier l'absence de contre-indications et d'adapter le protocole aux spécificités de chaque patient. Une attention particulière est portée aux antécédents d'affections ORL ou pulmonaires, susceptibles de compliquer l'équilibration des pressions pendant la séance.
Le patient reçoit ensuite des instructions détaillées sur le déroulement de la séance et les consignes de sécurité à respecter. Il est notamment informé des techniques d'équilibration de la pression dans les oreilles, similaires à celles utilisées en plongée sous-marine. Les vêtements synthétiques et les objets susceptibles de générer des étincelles (montres, bijoux, etc.) doivent être retirés pour prévenir tout risque d'incendie dans l'atmosphère enrichie en oxygène. Une tenue en coton est généralement fournie.
Dans certains cas, une préparation spécifique peut être nécessaire. Par exemple, pour les patients présentant des difficultés d'équilibration des oreilles, une décongestionnant nasal peut être prescrit avant la séance. Les patients diabétiques doivent faire l'objet d'une surveillance glycémique rapprochée, l'OHB pouvant modifier les besoins en insuline. Enfin, une hydratation adéquate est recommandée pour faciliter l'équilibration des pressions et prévenir la déshydratation liée à la respiration d'air sec dans le caisson.
Phases de compression et décompression en caisson
Une fois le patient installé dans le caisson hyperbare, la séance d'OHB débute par une phase de compression progressive. La pression à l'intérieur du caisson augmente graduellement jusqu'à atteindre le niveau thérapeutique prescrit, généralement compris entre 2 et 3 atmosphères absolues (ATA). Cette phase dure environ 10 à 15 minutes et nécessite une participation active du patient pour équilibrer la pression dans ses oreilles et ses sinus. Des techniques spécifiques, comme la manœuvre de Valsalva ou la déglutition, sont enseignées au préalable pour faciliter cette équilibration.
Pendant la phase de compression, le patient peut ressentir une sensation de chaleur due à l'augmentation de la pression et à la compression de l'air dans le caisson. L'équipe médicale surveille attentivement les réactions du patient et ajuste la vitesse de compression si nécessaire. Une fois la pression cible atteinte, le patient respire de l'oxygène pur à 100% à travers un masque facial étanche ou un capuchon. Cette phase de traitement proprement dite dure généralement entre 60 et 90 minutes, en fonction du protocole établi.
La séance se termine par une phase de décompression progressive, durant laquelle la pression dans le caisson est ramenée lentement à la pression atmosphérique normale. Cette étape est cruciale pour prévenir les risques d'accident de décompression, similaires à ceux rencontrés en plongée sous-marine. La vitesse de décompression est soigneusement contrôlée, avec des paliers éventuels pour permettre l'élimination progressive de l'azote dissous dans les tissus. La durée de cette phase varie généralement entre 10 et 20 minutes, selon la pression maximale atteinte et la durée du traitement.
Tout au long de la séance, des cycles d'oxygénation alternés avec de courtes périodes de respiration d'air ambiant peuvent être mis en place pour réduire le risque de toxicité de l'oxygène. Ces "pauses air" permettent de maintenir un niveau d'oxygénation tissulaire élevé tout en limitant le stress oxydatif lié à l'inhalation prolongée d'oxygène pur.
La gestion des phases de compression et décompression requiert une expertise technique et médicale spécifique. Le personnel opérant les caissons hyperbares reçoit une formation approfondie sur les principes de la médecine hyperbare et les procédures de sécurité. Des protocoles stricts sont mis en place pour gérer les situations d'urgence potentielles, comme une décompression rapide accidentelle ou un incendie dans le caisson. La maintenance régulière des équipements et le respect scrupuleux des normes de sécurité contribuent à minimiser les risques inhérents à cette technologie médicale avancée.
Surveillance médicale pendant le traitement
La surveillance médicale constitue un aspect fondamental de l'oxygénothérapie hyperbare, garantissant la sécurité et l'efficacité du traitement. Tout au long de la séance, l'équipe médicale assure un monitoring continu du patient et des paramètres du caisson. Cette surveillance s'effectue à travers des systèmes de communication audio et vidéo, permettant une interaction constante entre le patient et le personnel soignant situé à l'extérieur du caisson.
Les paramètres vitaux du patient font l'objet d'une attention particulière. La fréquence cardiaque, la pression artérielle, la saturation en oxygène et la fréquence respiratoire sont monitorées en temps réel. Des capteurs spécifiques permettent également de suivre la pression partielle d'oxygène dans le caisson et la température. Ces données sont enregistrées et analysées pour ajuster le traitement si nécessaire et détecter précocement tout signe de complication.
Une vigilance accrue est portée aux signes potentiels de toxicité de l'oxygène, notamment au niveau neurologique et pulmonaire. Les symptômes tels que des troubles visuels, des nausées, des vertiges ou des convulsions peuvent indiquer une toxicité cérébrale à l'oxygène et nécessitent une interruption immédiate du traitement. Au niveau pulmonaire, l'apparition d'une toux ou d'une gêne respiratoire peut signaler une irritation des voies aériennes liée à l'inhalation prolongée d'oxygène pur.
La surveillance s'étend également aux aspects techniques de la séance. La pression dans le caisson, la composition de l'air respiré et le bon fonctionnement des systèmes de distribution d'oxygène font l'objet d'un contrôle constant. Des procédures d'urgence sont en place pour faire face à d'éventuels problèmes techniques, comme une panne du système de pressurisation ou une fuite d'oxygène.
Pour les patients présentant des pathologies chroniques ou des facteurs de risque spécifiques, des protocoles de surveillance adaptés sont mis en place. Par exemple :
- Pour les patients diabétiques : contrôle glycémique avant et après chaque séance, avec ajustement du traitement insulinique si nécessaire.
- Pour les patients cardiaques : monitoring cardiaque continu avec électrocardiogramme et surveillance rapprochée de la pression artérielle.
- Pour les patients claustrophobes : utilisation de techniques de relaxation et éventuellement administration d'une prémédication anxiolytique.
La surveillance médicale ne s'arrête pas à la fin de la séance. Un examen clinique post-traitement est systématiquement réalisé pour évaluer la tolérance du patient et détecter d'éventuels effets secondaires immédiats. Dans certains cas, notamment pour les traitements d'urgence comme les intoxications au monoxyde de carbone, un suivi biologique et radiologique peut être nécessaire dans les heures suivant la séance.
L'analyse des données recueillies au cours des séances successives permet d'évaluer l'efficacité du traitement et d'ajuster le protocole si besoin. Cette approche personnalisée optimise les bénéfices thérapeutiques tout en minimisant les risques pour le patient. La tenue d'un dossier médical détaillé, comprenant les paramètres de chaque séance et les observations cliniques, s'avère essentielle pour assurer la continuité des soins et faciliter la recherche clinique dans le domaine de la médecine hyperbare.
Contre-indications à l'oxygénothérapie hyperbare
Bien que l'oxygénothérapie hyperbare soit une modalité thérapeutique aux multiples indications, elle présente certaines contre-indications absolues ou relatives qu'il est impératif de prendre en compte avant d'initier le traitement. Ces contre-indications sont liées aux effets physiologiques de la pression élevée et de l'hyperoxie sur l'organisme, ainsi qu'aux interactions potentielles avec certaines pathologies ou traitements médicamenteux. Une évaluation médicale approfondie est nécessaire pour identifier ces contre-indications et évaluer le rapport bénéfice-risque pour chaque patient.
Pathologies incompatibles avec les variations de pression
Certaines pathologies sont particulièrement sensibles aux variations de pression et constituent des contre-indications absolues à l'oxygénothérapie hyperbare. Parmi celles-ci, le pneumothorax non drainé représente la contre-indication la plus formelle. L'augmentation de la pression dans le caisson hyperbare entraînerait une expansion du volume d'air présent dans la cavité pleurale, aggravant le pneumothorax et pouvant conduire à un pneumothorax sous tension potentiellement fatal. Pour cette raison, tout pneumothorax doit être systématiquement exclu avant d'envisager un traitement par OHB.
Les affections des sinus et de l'oreille moyenne peuvent également poser problème lors des phases de compression et décompression. Les patients souffrant de sinusite aiguë, d'otite moyenne ou présentant une obstruction tubaire sévère risquent de développer des barotraumatismes douloureux. Ces conditions ne constituent pas nécessairement des contre-indications absolues, mais nécessitent une évaluation attentive et parfois un traitement préalable avant d'envisager l'OHB. Dans certains cas, l'utilisation de techniques d'équilibration assistée ou la mise en place de drains transtympaniques peut permettre de réaliser le traitement en toute sécurité.
L'emphysème avec rétention de CO2 représente une autre contre-indication relative importante. Les patients atteints d'emphysème sévère présentent souvent des bulles d'air dans leurs poumons, susceptibles de se dilater sous l'effet de la pression, augmentant le risque de pneumothorax. De plus, l'hyperoxie induite par l'OHB peut aggraver l'hypercapnie chez ces patients en supprimant le stimulus respiratoire hypoxique. Une évaluation pulmonaire approfondie, incluant des épreuves fonctionnelles respiratoires et une imagerie thoracique, est indispensable avant d'envisager l'OHB chez ces patients.
Les antécédents de chirurgie thoracique ou pulmonaire récente constituent également une situation à risque. La présence de cavités aériennes résiduelles ou d'une cicatrisation incomplète peut favoriser la survenue de complications barotraumatiques. Un délai minimal de 2 à 4 semaines après l'intervention est généralement recommandé avant d'envisager un traitement par OHB, en fonction du type de chirurgie et de l'évolution post-opératoire.
Traitements médicamenteux interagissant avec l'oxygène
Certains traitements médicamenteux peuvent interagir avec l'oxygénothérapie hyperbare, modifiant leur efficacité ou augmentant le risque d'effets secondaires. Ces interactions pharmacologiques doivent être soigneusement évaluées avant d'initier un traitement par OHB, et peuvent nécessiter des ajustements de posologie ou, dans certains cas, une interruption temporaire du traitement.
Les agents de chimiothérapie constituent une classe médicamenteuse particulièrement concernée par ces interactions. Plusieurs molécules anticancéreuses voient leur toxicité potentialisée par l'hyperoxie, notamment au niveau pulmonaire et neurologique. La bléomycine, un antibiotique antitumoral, représente l'exemple le plus emblématique de cette interaction. L'association de la bléomycine avec l'OHB augmente significativement le risque de fibrose pulmonaire, une complication potentiellement létale. Pour cette raison, un antécédent de traitement par bléomycine est considéré comme une contre-indication relative à l'OHB, nécessitant une évaluation bénéfice-risque approfondie.
D'autres agents de chimiothérapie, tels que le cisplatine, la doxorubicine ou le cyclophosphamide, peuvent également voir leur toxicité accrue sous OHB. Ces interactions sont complexes et dépendent de nombreux facteurs, incluant la dose cumulée, le délai depuis la dernière administration et les caractéristiques individuelles du patient. Une collaboration étroite entre le médecin hyperbariste et l'oncologue est indispensable pour optimiser la prise en charge de ces patients.
Les antidiabétiques oraux de la famille des biguanides, en particulier la metformine, nécessitent également une attention particulière. Ces molécules peuvent favoriser la survenue d'une acidose lactique, un effet indésirable rare mais potentiellement grave. L'hyperoxie induite par l'OHB pourrait théoriquement exacerber ce risque en modifiant le métabolisme cellulaire. Bien que les données cliniques sur cette interaction soient limitées, il est généralement recommandé d'interrompre la metformine 48 heures avant une séance d'OHB et de ne la reprendre que 24 heures après.
États de santé contre-indiquant la thérapie
L'oxygénothérapie hyperbare, bien que bénéfique dans de nombreuses situations cliniques, présente des contre-indications liées à certains états de santé spécifiques. Ces contre-indications découlent des effets physiologiques de la pression élevée et de l'hyperoxie sur l'organisme, ainsi que des risques potentiels associés à ces conditions médicales particulières. Une évaluation médicale approfondie s'avère indispensable pour identifier ces états de santé et déterminer l'éligibilité d'un patient à l'OHB. Parmi les états de santé contre-indiquant formellement l'oxygénothérapie hyperbare, la grossesse occupe une place prépondérante. Les effets potentiels de l'hyperoxie et des variations de pression sur le développement fœtal demeurent insuffisamment étudiés, justifiant une prudence extrême. Les risques théoriques incluent des malformations congénitales, des troubles de la croissance intra-utérine et des complications obstétricales. Bien que certaines études aient rapporté l'utilisation de l'OHB chez des femmes enceintes dans des situations d'urgence vitale, comme une intoxication sévère au monoxyde de carbone, ces cas restent exceptionnels et nécessitent une évaluation bénéfice-risque minutieuse. Les affections psychiatriques sévères, en particulier les troubles anxieux majeurs et la claustrophobie, constituent également des contre-indications relatives à l'OHB. Le confinement dans un caisson hyperbare peut exacerber l'anxiété et déclencher des crises de panique chez les patients prédisposés. Ces réactions peuvent compromettre la sécurité du patient et le bon déroulement de la séance. Dans certains cas, une préparation psychologique spécifique et l'utilisation de techniques de relaxation peuvent permettre de surmonter ces obstacles. Néanmoins, pour les patients présentant une claustrophobie sévère, l'OHB reste souvent inenvisageable. Les pathologies oncologiques évolutives représentent un autre domaine où l'oxygénothérapie hyperbare soulève des interrogations. Bien que l'OHB soit utilisée dans le traitement de certaines complications de la radiothérapie, son application chez des patients présentant des tumeurs actives fait l'objet de controverses. Des études expérimentales ont suggéré que l'hyperoxie pourrait stimuler la croissance tumorale dans certains types de cancers. Cependant, les données cliniques restent limitées et contradictoires. Par prudence, l'OHB n'est généralement pas recommandée chez les patients atteints de tumeurs malignes non contrôlées, sauf dans des situations particulières où les bénéfices potentiels surpassent clairement les risques théoriques. Les maladies auto-immunes systémiques, telles que le lupus érythémateux disséminé ou la sclérodermie, nécessitent une attention particulière lors de l'évaluation pour l'OHB. Ces pathologies s'accompagnent souvent d'une dysrégulation du système immunitaire et d'une susceptibilité accrue au stress oxydatif. L'hyperoxie induite par l'OHB pourrait théoriquement exacerber l'inflammation et les lésions tissulaires chez ces patients. Bien que certaines études aient rapporté des effets bénéfiques de l'OHB dans des cas spécifiques de maladies auto-immunes, notamment pour le traitement de certaines complications vasculaires, une évaluation individualisée reste indispensable.
Effets secondaires potentiels du traitement
L'oxygénothérapie hyperbare, malgré ses nombreux bénéfices thérapeutiques, peut s'accompagner d'effets secondaires dont la nature et la fréquence varient selon les caractéristiques individuelles des patients et les paramètres du traitement. La connaissance de ces effets indésirables potentiels s'avère essentielle pour optimiser la prise en charge des patients et minimiser les risques associés à cette modalité thérapeutique. Le barotraumatisme de l'oreille moyenne constitue l'effet secondaire le plus fréquemment rencontré lors des séances d'OHB. Il résulte d'une difficulté d'équilibration des pressions entre l'oreille moyenne et l'environnement extérieur lors des phases de compression et de décompression. Les manifestations cliniques incluent une sensation de plénitude auriculaire, des acouphènes et des douleurs pouvant aller jusqu'à la rupture tympanique dans les cas les plus sévères. L'incidence de ce type de complication varie selon les études, mais peut atteindre 2 à 5% des patients traités. La prévention repose sur l'enseignement des techniques d'équilibration (manœuvre de Valsalva, déglutition) et, dans certains cas, sur l'utilisation de décongestionnants nasaux avant les séances. Chez les patients présentant des antécédents d'otite chronique ou de chirurgie de l'oreille moyenne, la pose préventive d'aérateurs transtympaniques peut s'avérer nécessaire. La toxicité neurologique de l'oxygène représente un autre effet indésirable potentiel de l'OHB, bien que relativement rare dans les conditions thérapeutiques habituelles. Elle se manifeste par des crises convulsives de type grand mal, survenant généralement sans signe précurseur. L'incidence de ces crises hyperoxiques est estimée à environ 1 pour 10 000 séances d'OHB. Les facteurs de risque incluent l'utilisation de pressions élevées (supérieures à 2,8 ATA), des durées de séance prolongées et certains terrains prédisposants (antécédents d'épilepsie, fièvre). La prise en charge immédiate consiste en l'arrêt de l'administration d'oxygène et une décompression progressive du caisson. Dans la majorité des cas, les crises cèdent spontanément sans séquelle. La prévention repose sur le respect strict des protocoles thérapeutiques et l'identification des patients à risque. Les complications pulmonaires liées à l'OHB, bien que moins fréquentes, peuvent revêtir une gravité particulière. L'atélectasie d'absorption constitue le mécanisme physiopathologique principal. L'inhalation prolongée d'oxygène pur entraîne une résorption de l'azote alvéolaire, favorisant le collapsus des alvéoles mal ventilées. Ce phénomène peut conduire à une hypoxémie paradoxale lors du retour à l'air ambiant. L'incidence de ces complications pulmonaires est estimée à moins de 1% des patients traités, mais peut être plus élevée chez les sujets présentant une pathologie respiratoire sous-jacente. La prévention repose sur l'inclusion de périodes de respiration d'air ambiant au cours des séances et sur une surveillance étroite de la fonction respiratoire, en particulier chez les patients à risque.